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À Kingersheim, 19000 blouses en préparation
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Une mobilisation citoyenne massive, le concours de l’éco-fablab et un coup de pouce logistique de la Ville : en une semaine, un atelier informel mais quasi-industriel de confection de blouses est sorti de terre à Kingersheim. Récit.
UNE ARMÉE DE COUTURIÈRES…
À Kingersheim comme sur tout le territoire, des citoyens agissent contre l’épidémie de coronavirus et pour le bien commun. Depuis des semaines, ces bénévoles de Kingersheim, Sausheim, Wittenheim s’activent ainsi derrière leurs machines à coudre pour fabriquer des masques. « Une de mes amies en fabriquait pour le collectif Combat Covid 68, explique Yves Herzog. Je me suis dit : là, je peux aider aussi ». Effectivement, les 20 ans de « boutique » de l’ancien tailleur (devenu économiste de la construction) vont se révéler fort utiles …
… MAIS UNE LOGISTIQUE PROBLÉMATIQUE
Yves prend contact avec les groupes de Riedisheim et Staffelfelden : l’urgence est désormais à la confection de blouses jetables. « Je suis allé dans l’ancien atelier de tailleur de mon père pour faire un patron. Et là j’ai pensé à toutes ces couturières chez elles, sans accès à tout ce matériel » Une réunion technique informelle (dans un jardin) à Riedisheim confirme ses craintes : nombre de bénévoles manquent de place pour la découpe.
48 HEURES CHRONO
En deux jours, une base opérationnelle sort de terre grâce aux réseaux de solidarité familiers des initiatives citoyennes :
- La Ville ouvre la salle polyvalente du Hangar pour abriter l’atelier.
- LeFala, l’éco-fablab de Kingersheim, prête ses machines à coudre et bricole tout ce qui nécessite une adaptation, des bobines de fil aux porte-aiguilles.
- Les services techniques assurent l’ingénierie technique.
- Et Dorothée Dumortier, responsable du marché « Noel se recycle », dont de nombreux bénévoles sont présents aussi, prend en charge la coordination.
Une semaine plus tard, l’atelier, baptisé Daniel Leggeri en hommage à l’adjoint emporté par le Covid-19, fonctionne non-stop.
UN PROCESS SUPER PRO
Le long du mur, vingt rouleaux d’intissé, dons d’entreprises haut-rhinoises dépassées par la demande, s’alignent. L’ingéniosité des services techniques permet aux bénévoles de les dérouler sur la table de coupe sans (trop) d’effort. À l’exception de la machine à découper, prêtée par la sellerie Erkel, tout est « fait maison ». Improvisé mais impressionnant.
Yves Herzog coupe les patrons, rassemblés par paquets de 25, qui seront confiés aux couturières. Les blouses seront ensuite dispatchées par le collectif Combat Covid 68.
« J’ai calculé : on a de quoi fabriquer 19 000 blouses »
LA FORCE DE L’INFORMEL
L’étape suivante ? « Probablement des cagoules, il n’y en a plus nulle part. On a eu du tissu permettant de le faire et on teste un patronage, indique Yves. C’est la force de l’informel : pas d’association constituée, pas d’intérêt marchand, pas besoin d’attendre une énième autorisation. Juste des citoyens réunis pour répondre à l’urgence. De quoi prendre conscience qu’ensemble, en étant solidaires, on peut faire beaucoup de choses. »
Infos pratiques
Vous souhaitez rejoindre le collectif ?
Vous avez du fil à coudre dont vous n’avez pas besoin ?
Envoyez un mail à combat.covid.68@gmail.com
50 000 masques fabriqués
Combat Covid 68 est né le 24 mars 2020 à Riedisheim, en réaction à la situation dramatique liée à l’épidémie de Covid-19. Ce collectif rassemble plus de 250 personnes, dont quelque 200 couturières, volontairement anonymes, autour d’un même leitmotiv : « Aider ceux qui nous protègent ».
16 zones géographiques
Réparti sur 16 zones géographiques, du Sundgau à Mutzig et de Munster à Fessenheim en passant par Strasbourg, le collectif produit, grâce aux dotations matérielles d’industriels, des masques artisanaux avec filtre en melt-blown et des blouses.
Les patrons et prototypes originaux sont créés à Neuf Brisach et à Kintzheim, soumis aux utilisateurs pour validation avant de passer en atelier de découpe, comme à Kingersheim pour les blouses et Riedisheim, pour les masques.
De multiples destinataires
Depuis début avril, le collectif a produit plus de 50 000 masques, distribués à des centaines de destinataires : Association des Paralysés de France, Restos du cœur, Centre départemental de soins et de repos, infirmières libérales, dentistes, médecins, Ephad, pompiers, policiers, gendarmes, prison, pompes funèbres, services de propreté urbaine, collectivités, commerçants, etc.
Plus d’un millier de blouses ont été livrées au GHRMSA, aux Hôpitaux Civils de Colmar et au Diaconat, sachant que la demande actuelle se chiffre en milliers par semaine.
Sorties & événements
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