Originaire de Normandie, c’est en Alsace, dans son atelier à Zimmersheim que Vincente Blanchard découpe, soude, transforme le métal en objets de création aériens et poétiques. Rencontre.

« Le métal, c’est vivant, c’est chaud, c’est malléable, ça donne une liberté totale ! Vous pouvez couper, ressouder, recouper tout le temps. Dans mon travail, ce que j’aime, c’est cette légèreté, ce côté aérien que permet l’acier et que ne permet pas la terre », confie l’artiste, en train de cintrer une tige d’acier.

Après des études à l’école des Beaux-Arts de Rouen, c’est tout naturellement que Vincente Blanchard entre à l’école des Arts Appliqués de Paris. « Comme j’avais déjà travaillé le bois aux Beaux-Arts, j’avais besoin d’autre chose. Lors des initiations en probatoire en première année, j’ai trouvé que le métal était passionnant, ça me donnait beaucoup de liberté. J’ai donc choisi ce matériau comme spécialité. »

UNE APPROCHE DE LA CRÉATION

Dans son atelier de guingois où cohabitent vis, écrous, chutes d’acier et créations en cours, Vincente travaille à partir de ses émotions. « Avec l’actualité quotidienne, j’ai des images, des flashs à partir desquels j’élabore des croquis. Ensuite, j’essaie de les réaliser en les transformant en 3D. Par exemple avec cette sculpture d’acier brut, oxydé et peint – appelons-la “Point d’interrogation” – je voulais que le lien qui rattache la terre au point d’interrogation soit à peine visible pour donner cette impression de suspension en l’air. »

Avec le confinement, la production s’est arrêtée, les expositions annulées. « Je ne suis pas sortie pendant cinq semaines et puis je me suis remise à faire des “Objets lumière” faits de papier naturel et d’acier pour être dans la poésie. J’aime beaucoup travailler sur la poésie, sur cette idée de beauté de la nature. Fleurs, anémones de mer, algues, chacun y voit autre chose. »

DES INFLUENCES À LA SOURCE

Si les éléments et la nature sont une source d’inspiration inépuisable, ce n’est pas un hasard. « Je suis née en Normandie. Mon père avait construit une maison au bord de la plage. Donc l’eau, l’océan, les éléments naturels occupent une place importante dans mon parcours. »

Et l’acier ? « Alors, l’acier, à priori ce n’est pas très féminin. Mais mon père était ingénieur-chauffagiste et donc toute mon enfance à la maison, il y avait des tubes, des boulons. Je trouvais ça très poétique. Je passais des heures au garage avec les tiroirs, les stocks d’écrous et les tubes d’acier. Il y avait une grande part d’imaginaire pour moi. »

Tout près de l’atelier, à l’abri des regards, s’étend un jardin extraordinaire. Des plantes géantes, tout droit sorties d’un roman de Lewis Carroll, des fleurs, des fruits et légumes de toutes sortes finissent de boucler la boucle.

« Dans mon travail, tout est lié : dans le fait de planter, semer, manger ce qu’on récolte, travailler les matières naturelles, tout se tient ! », lâche l’artiste de terre, de mer et de feu.

DES ŒUVRES À DÉCOUVRIR DANS M2A

Quatre œuvres publiques sont visibles en tout temps :

• La Jonque, au bord du Nouveau bassin à Mulhouse
• Flammes, Monuments aux morts à Illzach
• Aigues-marines, fontaine à Illzach
• Le lion, au zoo de Mulhouse

UNE AUTRE VITRINE À LA MAISON D’ARTGILE

Des œuvres de toutes tailles sont exposées à la Maison d’Artgile, Chambres d’hôtes de charme en Alsace, au 10 rue de Rixheim à Zimmersheim. Vincente et son mari Philippe vous y accueilleront.

Publié mardi 4 août 2020 à 12h13

ArtisteIllzachZimmersheim