Entre 1982 et 1995, Bernard Bloch a rencontré Heiner Müller à quatre reprises. Ce sont ces quatre rencontres, fondamentales pour lui, qu’il réinvente dans ce texte avec en arrière-plan les bouleversements successifs qui ont conduit à la chute du mur de Berlin : « Et c’était le début du début d’une autre histoire du monde ».
Outre le fait qu’ils sont tous deux nés Allemands, Heiner Müller partageait avec le père de Bernard Bloch un goût immodéré pour l’ironie. Une ironie qui était sans doute encore plus désespérée chez le second, chassé d’Allemagne par les nazis en 1934. Mais on se choisit plusieurs pères dans la vie, et en ce qui concerne Bernard Bloch, Heiner Müller fut incontestablement l’un d’entre eux. Bernard Bloch a une qualité rare, celle de mettre toujours du sien dans tout ce qu’il entreprend au théâtre. La pièce (au titre volontiers provocateur) ne déroge pas à la règle et interroge la relation que nous entretenons avec le savoir et les expériences de nos pères. Pour ce nouveau spectacle, il a invité Marc Baum à créer la version en allemand, jouée en alternance avec la version française, et Pascal Schumacher à composer une musique en synergie avec les textes de Müller.