Il y a dans le théâtre élisabéthain un plaisir de l’horreur, qui n’est pas sans rappeler l’excitation et l’amusement que nous pouvons ressentir devant un film d’horreur ou un thriller fantastique. Cette démesure dialoguant avec le surnaturel ne pouvait que séduire Louis Arene et Lionel Lingelser pour leur première création sur le grand plateau de La Filature.
“Makbeth” avec un “k” raconte la douleur du monde et l’ambition de ce général sanguinaire, enhardi par les sorcières, épaulé et aiguillonné par une épouse plus machiavélique encore. Les artistes abordent ce monument du théâtre à leur manière, avec un engagement total, le souci du détail, avec l’irrévérence qui les caractérise, aussi, mais sans en corrompre le discours. La proposition est sombre, cathartique, avec un travail tant sur le sens, la langue et la poésie que sur le corps, la technique et la machinerie théâtrale. La métamorphose, les mondes qui s’effondrent et ceux qui naissent sont des obsessions chères à la compagnie, complice de La Filature, Scène nationale, et permettent ici autant d’entrées dans cette œuvre du répertoire. L’art du Munstrum Théâtre trouve une résonance dans ce théâtre shakespearien. Et dans cet univers scénique qui fait son identité, l’équipe, au service de ce texte unique, offre un spectacle total.