Le texte de Koltès est un poème puissant, une chanson de nuit aux paroles brutes et pures, violentes et sensibles. Soliloque ou apostrophe, il est porté par Jean-Christophe Folly, seul sur scène. Il évoque les bas-fonds, la beauté et la laideur, la vie et ses travers. Son interprétation est prenante, grandiose, hypnotique. Avec lui, nous cherchons des raisons d’espérer et nous le suivons…

C’est là, sur un quai de métro à l’ambiance fantasmatique, que tout se joue et se dit, une nuit de pluie. Un homme parle. Il a beaucoup couru. Il est trempé d’eau et de sueur. Il est fragile et fort à la fois. Il porte le dénuement comme une bravoure. Et il parle. Il parle. Il parle. Sa parole est pure et vraie, radicale et sensible. Son verbe est nu. Un vibrant témoignage de l’auteur Bernard-Marie Koltès aux vivants que la mise en scène de Matthieu Cruciani sublime. En confiant la musique à Carla Pallone, du groupe Mansfield.TYA, ce chant de vie devient plus profond encore, et brutal comme la vie elle-même. Sur scène, Jean-Christophe Folly porte avec sa vitalité folle ce poème de lumière. Une parole combative, physique, irrésistible, qui percute. Quelques épisodes fragmentés, comme une comptine pour adulte, profonde et violente. Il est question des bas-fonds de soi-même. Des hauts fonds d’un quartier perdu. Il parle de désir, de fuite, de batailles, de travail, d’alcool et de mort, de sang et de trahison. Il parle de la beauté et de la laideur. C’est le long monologue d’une vie. Un poème du vrai, du drôle et du tragique. Et nous cherchons avec cet homme des raisons d’espérer, des raisons de se battre et nous le suivons, hypnotisés.